Lost in translation

Mener un groupe de travail, animer une équipe ou un collectif : cela confronte quotidiennement à l’expérience du malentendu.

Pour se faire comprendre, expliquer ne suffit pas.

La langue commune entretient l’illusion que les mots signifieraient pour chacun la même chose.

Or l’expérience est frustrante et parfois cruelle.

Pour autant, cette désillusion peut aussi se vivre comme une occasion de sortir du retrait protecteur de l’explication et de parler en son propre nom.

Adresser sa parole, cela ne revient-il pas à se placer en position de traducteur et d’interprète de son propre propos ?

Ou, pour le dire autrement, à négocier sans cesse entre deux attentions : l’attention au propos qui s’énonce, et l’attention à la personne à laquelle il s’adresse ?

Comme dans toute traduction, il y a une perte.

Mais n’est-ce pas précisément l’acceptation de cette perte qui fonde les conditions d’un dialogue ?

Daniel Migairou, décembre 2018

 

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